Protocoles (a)symétriques

Un article sur le sentiment de stagnation de l’innovation (InternetActu.net) amène un commentaire (le premier) sur la symétrie de l’Internet et de ses protocoles.

Le commentaire relève l’asymétrie des acteurs, soit les fournisseurs de services et les clients/consommateurs. Il en découle logiquement des conflits d’intérêts. Le premier se trouve entre le client piégé et le fournisseur de service résolument fermé aux autres fournisseurs de services. Le deuxième conflit est révélé par l’actualité entre Free et Google, entre le transporteur de paquets et le nÅ“ud de services.
Cette asymétrie se retrouve dans les protocoles utilisés sur le réseau des réseaux.

La solution proposée serait de déployer des protocoles symétriques. Ceux-ci existent depuis des décennies mais sont peu employés. Ils permettraient de relier directement les gens entre eux sans les intermédiaires bien encombrants que sont les nÅ“uds de services. Et accessoirement, cela assurerait la neutralité du réseau et relancerait l’innovation pris en otage par les grosses sociétés.

Mon avis, c’est que le problème est bien réel mais cette solution me semble un peu superficielle. La façon de la mettre en avant fait un peu… commercial d’ailleurs, même si aucun produit n’est proposé derrière. Bref, comme souvent, c’est une mauvaise solution à un problème mal posé.
Oui le système des brevets est utile, mais complètement détourné de son but originel. A revoir si l’on veut relancer rapidement l’innovation par les petites sociétés. Il devait assurer la diffusion du savoir et des innovations contre des garanties. Il est aujourd’hui la base d’une guérilla juridique pour protéger coûte que coûte des positions commerciales au détriment… de l’innovation.
Oui l’Internet est asymétrique, et on n’y changera pas grand chose tant que la connexion de l’utilisateur restera… asymétrique. J’ai vu que ce problème a été abordé quelque part dans un commentaire comme étant une cause de problème. L’ADSL qui connecte une grande partie des utilisateurs est volontairement asymétrique, mais cela correspond à une optimisation liée aux usages des internautes depuis 15 ans. Ce n’est pas une cause de dissymétrie mais une conséquence. Et donc aucun changement n’est à attendre de ce côté là tant que les usages de l’Internet ne changeront pas.
Non les protocoles asymétriques ne résoudront pas le problème d’asymétrie de l’Internet. Que le protocole soit symétrique ou pas n’a pas d’importance. Bien qu’utilisant des protocoles symétriques, nous savons déjà aujourd’hui parfaitement faire dialoguer deux utilisateurs directement entre eux, le fameux Pair à Pair (P2P). Ce qui à de l’importance c’est l’usage, encore et toujours. Tant que l’on ne proposera pas à Facebook et consorts des alternatives utilisant les propriétés du P2P et potentiellement complètement acentrés, ça ne changera pas.

La translation d’adresse IP (NAT) sera, si elle ne l’est déjà, un plus grand frein à la symétrie des usages de l’Internet. Tant que plusieurs utilisateurs seront cachés derrière une seule adresse IP, ils sera difficile de leur donner un rôle autre que celui de consommateur. Le NAT sert aussi à faire de la sécurité pour les postes cachés, ou plutôt devrait-on dire que ça y contribue un peu (pas plus). Rien que pour ça, IPv6 (sans NAT) devrait être une des plus grosses priorités.

Retour au projet nebule. Celui-ci permet de répondre à l’asymétrie des usages non pas en faisant tomber les nÅ“uds de services ou en rendant le réseau complètement symétrique, mais en redonnant au réseau sa vraie place de transporteur. La symétrie est assurée (ou pas) par les liens entres objets, indépendamment du moyen de transport.

Liens :
http://www.internetactu.net/2013/01/09/vers-une-stagnation-de-linnovation/
http://www.internetactu.net/

Laisser un commentaire