La relation entre les êtres humains est resté assez stable dans son contenu mais à beaucoup évolué dans sa forme avec la technique. Le la taille d’un village, d’une tribu, la dimension du réseau social d’un individu a fortement grandi et a cessé de coller à sa zone géographique proche. Mais il n’a pas forcément grossi pour autant, il ne s’est que dilaté. Il garde d’ailleurs une forme nébuleuse dense au centre et distendu en périphérie.
Le téléphone a accéléré la vitesse de transmission des informations et de fait a permis d’étendre encore plus la portée des échanges, et donc l’influence des individus. Cette extension a fini par atteindre sa taille limite, celle du monde.
Mais les échanges d’informations ne se limitent pas à l’influence, politique, des autres. On y retrouve des choses qui n’ont pas grand intérêt à première vue comme la correspondance familiale ou la propagation de la culture. Cependant, ces deux exemple ont une importance profonde dans l’identité de l’individu d’une part et de la société d’autre part.
Le réseau social individuel n’est plus depuis longtemps calqué sur son influence physique directe. Si il n’est pas évident de parler de réseau social d’un groupe d’individus, ou société, on peut quand même se raccrocher à son influence directe. Et l’influence des sociétés ne sont que rarement exactement calquées sur leurs influences physique directe, c’est à dire sur les frontières d’un pays.
Une société ne doit pas être vue comme une forme nébuleuse unique de relations sociales mais comme une forme nébuleuse sociétale composée d’une multitudes de formes nébuleuses entremêlées. Une société est composée d’une multitude de formes nébuleuses individuelles avec quelques structures communes, mais surtout, pour les individus, avec une majorité de liens au sein de la nébuleuse sociétale. Le nationalisme ou communautarisme, du point de vue du réseau social, sont des tentatives pour imposer des structures uniques fortes et donc de forcer la nébuleuse sociétale à se scinder en de multiples formes sous-sociétales. Il existe une multitude de formes sous-sociétales susceptibles de développer une forme de communautarisme puisqu’il est en pratique impossible d’avoir une nébuleuse individuelle approchant la forme nébuleuse sociétale dans son ensemble. Le nationalisme use de sa forme de nébuleuse sociétale pour revendiquer une influence physique y compris hors des frontières de l’état qui le définit à l’origine.
Le réseau Internet est un support d’information, il permet de diffuser la connaissance à tout un chacun. Mais ce n’est pas sont seul rôle, il permet aussi de relier les individus. C’est à dire qu’il sert de support universel à la forme nébuleuse des relations sociales d’un individu. Nous avons encore des échanges sociaux directs entre individus, instantanés, mais ils ne sont plus ni exclusifs ni même nécessaires ou systématiques.
Le projet nebule se doit donc de faciliter le partage de l’information, de la connaissance, mais il se doit aussi de faciliter les échanges sociaux entre individus. Le projet nebule doit être capable de coller au plus prêt de la nébuleuse de l’information d’un individu, mais aussi de la nébuleuse de son réseau social.
La messagerie telle qu’elle a commencée était un message manuscrit sur un support papier ou équivalent et pouvait mettre plusieurs mois pour arriver à destination… quand ça arrivait…
Aujourd’hui, un message traverse le monde en quelques secondes avec une très grande probabilité d’arriver à destination. Le plus long, c’est maintenant d’attendre que le destinataire ouvre son message. Tout le monde fait confiance à la messagerie électronique et à une bonne confiance dans les échanges postaux nationaux et internationaux.
Et puis il y eu Edward SNOWDEN.
La confiance, c’est la capacité du système à fonctionner tel que l’on s’attend à ce qu’il fonctionne et à être résistant aux tentatives de détourner son fonctionnement.
Là , subitement, on a une grosse crise de confiance. On se dit qu’on ne va peut-être pas laisser tous ses Å“ufs dans le même panier. Le projet nebule peut sous cet éclairage paraître un peu trop intrusif et exclusif (des autres).
Cette crainte vis-à -vis du projet nebule est à la fois recevable, et non recevable.
Le projet sylabe, annexe de nebule, est une implémentation suivant les paradigmes actuels en terme d’échange de l’information, et surtout en terme de concentration de l’information. Il est conçu volontairement dès le début pour centraliser les données sur un serveur de l’Internet. C’est cette concentration sur une machine que l’on ne maîtrise pas qui pose de gros problèmes aujourd’hui. C’est cette concentration sur des machines chez des grosses sociétés au USA qui permet à la NSA (entre autres) de violer l’intimité numérique des individus sans raison valable. Et c’est fait de telle façon que les individus gardent confiance dans cette concentration de leurs données.
Mr SNOWDEN a cassé la confiance que nous avions dans la concentration de nos données, la confiance pour ces grosses sociétés américaines, et la confiance dans l’Internet même. Il a montré que quelque chose ne fonctionnait pas bien. Mais il l’a fait pour que ça s’améliore, pour que nous fassions les efforts nécessaires pour reconstruire l’Internet et la confiance que l’on attend de lui.
Le projet sylabe est donc un reliquat de ce passé. Mais il apporte quand même quelque chose pour le futur. Il centralise les données mais contient les graines de leur décentralisation complète.
Si tout le monde n’est pas prêt aujourd’hui à installer un serveur pour héberger ses données, on y arrive quand même de façon détournée. Certains installent des boîtiers NAS, c’est déjà une forme de réappropriation de ses données. Toutes les maisons ont une box qui fait office de centre multimédia, de NAS. La domotique arrive tout doucement (depuis 20 ans). Ainsi, une instance sylabe pourra être un jour implémentée facilement dans un boîtier pour non seulement héberger nos donnés mais aussi pour nous permettre d’échanger avec nos amis.
Le projet sylabe, une fois implanté ailleurs que sur des serveurs centralisés permettra la mise en place complète de la vision de la nébuleuse de nos informations, complètement décentralisée mais centrée sur nous.
Il reste à traiter le problème de l’anonymat. C’est en cours de définition et d’implémentation.
Cet objectif à part entière, dans le contexte actuel, nécessite qu’une entité puisse nativement et par défaut chiffrer tous ses objets et offusquer tous ses liens, ou presque tous. Cette possibilité sera intégrée rapidement dans le projet sylabe.